» The Lamb and The Tiger « [ Illysta ]

Bella est partie, je suis à nouveau seule.
L'écho de mes pas résonne dans la pièce vide.
Il semble que ça fait des années que je n'ai pas vu Tyler.
Reviens vers moi. Tu sais que je me perds peu à peu sans toi.
Je me change. Je mets une robe propre avant de remettre mes bottes noires.
Je m'installe sur mon lit. Couchée sur le ventre, je fais face à Lilou, ma peluche.
Je lui ai toujours tout raconté. Elle m'a écouté durant des mois après la mort de mon père.

Il me manque aussi, Lilou, Si tu savais.
J'essaie de faire de mon mieux.
Je fais des efforts pour être aimable avec Yakima.
J'essaie de faire ce qu'il attend de moi comme chef.
Si je pouvais le rendre fier et garder le groupe uni.
Cybel est ingérable. Illysta presque inexistante.

Je pense à notre vie, à cet endroit.
Au danger, à la menace de Crochet qui nous guette à chaque coin de rue.
Perdue dans mes pensées, je suis distraite par quelques coup délicatement posés contre ma porte.

_ Entrez

Seule une fois de plus dans ma chambre, je rumine les mêmes funestes pensées.
Recroquevillée dans un coin de mon lit je fixe le vide devant moi, serrant tout contre mon cœur mon compagnon de toujours, mon doudou, Tina.
Cette solitude dans laquelle je m'enferme me pèse tellement, j'aimerais réussir à ignorer Cybel, faire comme si de rien n'était, tout simplement rejoindre les autres et m'ouvrir.
Je sens mes yeux commencer à picoter, et je me redresse alors tout de suite, posant délicatement Tina à côté de mon coussin, et descend de mon lit.
Non cette fois je ne me laisserais pas aller, pas encore une fois, il faut que je tente de changer cela, il faut que je me reprenne !
Je m'approche alors de ma fenêtre et admire le paysage extérieur, je veux redevenir comme cette petite fille si joyeuse que j'étais avant.
C'est décidé je vais faire des efforts, cela a déjà trop duré. Mais par où commencer ?
Je sais ! Et je quitte alors soudainement ma chambre après avoir remit correctement, et frotter délicatement de ma main, ma robe.
Je longe le couloir, une destination bien précise en tête, et mon au 4ème étage, l'étage de Lily.
Une fois parvenue devant sa porte je sens le courage et la détermination que j'avais rassembler fondre comme neige au soleil. Mais dans un dernier sursaut de volonté, je toque doucement à sa porte.
La voix de Lily ne tarde pas à m'inviter à entrer, et je m'exécute de suite, pénétrant dans son appartement avant de refermer derrière moi.
Son regard se fixe alors sur moi, et elle semble surprise.

Bonjour Lily, j'espère que je ne te dérange pas.

Une frêle silhouette aux épaules basses se faufile dans l'ouverture de la porte
Avant de fermer sans bruit, telle une hirondelle,
Une mèche de cheveux cache partiellement le regard d'Illysta.
Ma demi-sœur me regarde du coin de l'œil.
Je ne vois pas quel pourrait-être l'objet de sa visite.
Elle ne vient pas me voir.
Elle ne me parle pas.
Elle ne me regarde pas. . . Normalement.
Ses lèvres s'ouvrent alors pour me murmurer de sa timide voix.

Bonjour Lily, j'espère que je ne te dérange pas.

Me déranger ? Sa douce présence ne me dérange Jamais.
Je ne suis pas comme Cybel qui lui fait passer un mauvais quart d'heure dès que l'occasion se présente.
Je lui fais signe de venir s'asseoir avec moi. Mon lit est bien assez grand.
Je remarque que j'ai toujours Lilou dans mes bras.
Je l'aurais surement balancée sous mon lit si Cybel était entrée.
Mais Illysta est différente . . .

_ Bonjour, tu ne me dérange jamais voyons. . .

Je n'ai rien contre sa douce présence qui m'empêche de me noyer dans mes idées noires.
Y as-t-il un but à sa visite ? Elle n'est habituellement pas la première à venir vers moi,

_ Tu voulais me parler de quelque chose, Lui demandai-je innocemment.

Tu sais que tu peux me parler.
Je ne juge pas.
Je suis bien plus ta sœur que Cybel, fais moi confiance. . .

Lily est une personne extrêmement douce de nature également, et l'expression de son visage à ce moment même le confirme amplement.
Je comprends avant même qu'elle ne dise un mot que je ne la dérange pas, j'en suis heureuse. D'ailleurs les paroles qu'elle prononce confirme mes pensées :

Bonjour, tu ne me dérange jamais voyons...

Je souris légèrement, j'aime beaucoup Lily, et regrette de ne pas être assez proche d'elle. Mais je vais essayer de changer cela, je vais faire de mon mieux pour me rapprocher de ma petite sœur.
Elle semble néanmoins toujours étonnée de ma présence, ce qui est facilement compréhensible puisque habituellement je ne suis jamais celle qui fait le premier pas. Et cela est la principale raison de notre manque de complicité. Mais je la comprends parfaitement, toujours devoir aller vers l'autre ce n'est pas quelque chose de réellement plaisant.
Toujours de sa voix douce, elle me demande, avec cet air innocent si mignon qui lui est coutumier :

Tu voulais me parler de quelque chose ?

Elle sait toujours comment me mettre à l'aise, elle est totalement l'opposée de Cybel.

Je...

Je prends une inspiration, il faut que j'arrive à tout lui dire, ça sera déjà un grand pas pour moi. Il le faut.

Je veux réussir à redevenir comme avant, à changer, et ainsi pouvoir enfin t'aider dans toutes ces tâches que tu dois effectuée. Mais surtout ce que je veux c'est être plus proche de toi, qu'on parvienne à être complice, je veux être auprès de ma petite sœur.

Je ponctue ma phrase d'un sourire timide.
J'ai tout dit, et finalement cela n'a pas été si difficile que ça. Je suis contente.

Illysta hésite un peu. Elle se reprend.
J’admire le courage ma sœur.
J’ai toujours su que tu pouvais faire plus.
Surprend moi. Montre-moi qui tu est vraiment.

Je veux réussir à redevenir comme avant, à changer, et ainsi pouvoir enfin t'aider dans toutes ces tâches que tu dois effectuée. Mais surtout ce que je veux c'est être plus proche de toi, qu'on parvienne à être complice, je veux être auprès de ma petite sœur.

Je sourie. ¸
Si généreuse ma grande sœur.
Elle veut être là pour moi.
Dans son mutisme, elle a compris bien plus qu’elle ne le laissait paraitre.
Oui, j’aurais besoin de soutient parfois,
Si tu me laisse être là pour toi,
Le reste se fera tout seul.
Je suis de celles qui ne se compliquent pas la vie.
Tu es ma sœur, je t’aime peu importe ce que tu feras.
Je suis contente que tu voies à nouveau le soleil ma sœur,

Tu peux maintenant vivre ta vie petit ange.
Ne laisse plus Lucifer te dicter le bien et le mal.
Tu vas faire de grandes choses je le sens.
Mais un peu de courage ne serait pas de trop.
De dures épreuves nous attendent.
Je me lève doucement de mon lit pour me pencher su ma table de nuit.
La boîte à bijoux de maman y est toujours.
Je ne l’ai pas rangée après le départ de Bella.
Je l’ouvre pour y chercher un objet bien précis.
Cybel a fait une crise quand elle a su que c’est à moi que papa l’as légué.
Je sors une chaine d’argent.
À son bout, se balance une créature aillée.
Un délicat petit ange d’argent.
Comme toi ma sœur.
Lui aussi est resté longtemps enfermé.
Il est temps pour vous deux de voir le soleil.
Tu le sais Illysta, Maman portait ce pendentif le jour de son mariage.
Tu en prendras soin, j’en suis sure,
Comme de l’amour qui se doit d’unir nos familles.
Elle ouvre sa paume pour que j’y dépose la chaîne.
Mon présent te fais-t-il plaisir ma sœur ?

Pour toute réponse elle me sourit. Et son sourire me suffit amplement. Comment un simple sourire peut-il provoquer tant de bien ? Je me sens déjà tellement rassurée, réconfortée.
Lily semble heureuse, heureuse pour moi. Et moi je le suis également d'enfin réussir à ne pas la décevoir, d'enfin réussir à la contenter. Merci Lily.
Il n'y a pas besoin de mots, de réelle réponse pour comprendre ce qu'elle pense et le fait qu'elle soit d'accord avec moi, son expression parle pour elle.

Je suis contente que tu voies à nouveau le soleil ma sœur.

Je souris à mon tour. Autant pour la phrase en elle-même que pour le "ma sœur" qui m'atteint en plein cœur.
Je serais toujours là pour elle à présent, je ne me laisserais plus démonter si facilement qu'auparavant. Je ferais tout pour mériter l'amour et la reconnaissance de ma sœur. Je ferais tout pour elle.
Et je sais, je sens qu'elle sera là en retour, prête à me soutenir elle aussi et à m'aider, comme je me promets de le faire pour elle. A nous deux nous surmonterons tout ce qu'il y aura à surmonter. Comme invincibles.
Puis Lily se lève, et cherche quelque chose dans sa boîte à bijoux ouverte sur sa table de nuit. Pour en sortir quelques secondes plus tard une chaîne en argent que je reconnaitrais entre mille.
Une chaînette ayant comme pendentif un petit ange, celle que notre mère portait à son mariage, un de ses objets les plus précieux. Je me rappelle d'ailleurs la jalousie sans raison de Cybel quand se fut Lily qui la reçue.
J'aurais pu me demander pourquoi elle sortait ce bijou maintenant, mais j'ai tout de suite comprit inconsciemment. Et j'ouvre donc naturellement la main quand elle approche le pendentif de moi avant de le déposer dans le creux de ma paume.
Je reste quelques instants à contempler, puis serre mon poing, et dans un sursaut serre ma sœur dans mes bras, je m'accroche à elle comme si elle risquait de s'envoler si je la lâchais, comme si ma vie en dépendait. Et puis les larmes commence à ruisseler sur mes joues.
Je voudrais la remercier cent fois mais aucun son ne sort de ma bouche, je reste alors là à la tenir tout contre mon cœur.

Je regarde l’effet de mon geste sur son visage soudainement ému.

Parfois je croirais qu’il s’agit de ma petite sœur, et non du contraire.
Je ressens l’inexplicable besoin de la protéger contre le monde.
Elle s’élance pour se retrouver naturellement dans mes bras.
Je la sens secouée de sanglots.
Ma main se veut douce et caresse tendrement ses cheveux.
La vie n’a pas été facile pour aucune de nous.
Je crois que nous trois, elle a été celle qui en a le plus souffert.
Elle a souffert en silence alors que j’étais trop occupée par mes plans de vengeance.
Alors que Cybel déniait la réalité d’isolement dans laquelle la mort de nos parents nous a laissée.
Les pleurs de ma précieuse sœur se calment enfin.
Comme le torrent qui une fois sa chute terminée tourbillonne un peu pour mener aux eaux tranquilles.
Je relève son visage qui s’était intuitivement posé contre mon épaule.
Son visage face au mien, de mon index je chasse la dernière larme qui perle au bord de ses cils.
Je le sourie. Les temps noirs ne sont pas terminés,
Mais je suis là.
Notre famille est tombée en morceaux au travers des années.
C’est maintenant le temps de les rassembler.
Petit à petit. Un à un. De trouver la place qui leur convient pour reconstituer le tableau de nos vies.
Le premier morceau manquant, Celle qui nous a donné la vie.
Ma mère m’a été arrachée très jeune.
Parfois j’essaie de me remémorer son visage et je n’y arrive pas.

_ Dis Illy’ ? Tu te rappelle du visage de maman ? de ma mère ?

Mon ton est enfantin. C’est la gamine qui n’a jamais grandis.
L’enfant qui a toujours refusé de changer sans que sa mère ne revienne la guider.
Elle me manque tellement plus que je ne le laisse paraître.
J’espère que tu est bien là haut ma petite maman.
Je t’imagine telle un ange. Toute blanche et pure. .

Continuant de verser mes larmes dans les bras de ma tendre sœur, que je serre toujours aussi fort, celle-ci se met à caresser doucement mes cheveux, comme semblant vouloir apaiser mes pleurs.
Et c'est comme si avec mes sanglots je déversais tout ce que j'avais gardé pour moi depuis toutes ses années, c'était une réelle libération pour, alors je restais là à pleurer, et encore pleurer.
Je ne sais pas vraiment combien de temps précisément je suis demeurer ainsi dans ses bras, mais elle ne c'est pas lassée, elle m'a gardée contre elle, poursuivant sa délicate caresse.
Puis peu à peu mes pleurs s' apaisent, et Lily vient placer ma tête, qui c'était naturellement posée sur son épaule, face à la sienne. Puis essuie délicatement une larme qui s'attardée sur mon visage. Elle me paraît quelque peu pensive.

Dis Illy’ ? Tu te rappelle du visage de maman ? de ma mère ?

Sa question me surprend un peu, je ne m'y attendais pas du tout. Il faut dire que l'on ne parle jamais de maman. Et puis le ton et l'expression enfantine de ma sœur, me font constater à quel point, même si en temps normal elle ne laisse rien paraître, qu'elle est bien plus touchée, qu'elle y pense bien plus que ce que l'on pourrait croire.
Je réfléchis alors à la réponse à lui donner. Oui je me rappelle parfaitement de son visage. En même temps Lily est tout son portrait.

Oui. Oui je m'en rappelle parfaitement malgré tout ce temps. A vrai dire tu lui ressembles comme deux gouttes d'eau, et pas seulement physiquement mais aussi par tes qualités, ta douceur, ta gentillesse, tout.

Je marque une petite pause toute étudiée.

Je suis persuadée que de là haut elle est très fière de toi, et papa aussi.

Je souris, je suis totalement sincère. Lily ferait la fierté de n'importe quel parent.

[HJ :: Mille fois pardon d'avoir été si longue à répondre.]

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