|- L'horloge tictaque et tes rides se creusent - [ Crochet ]

Je suis de retour au Neverland depuis une heure à peine et voici que les fleurs s’épanouissent. Ma terre m’appelait, me manquait. Et réciproquement. Ce qui me manque le plus ? Avouons-le, après Tyler et ceux qui suivent, je ressens l’incommensurable besoin de flirter avec le danger.
« Capitaine… »
Je presse le pas, j’ai la sensation familière de me mouvoir, aérien, sans toucher le sol. Qu’est-ce que les gravats quand le plaisir guette ?
« James… »
J’aperçois enfin son bâtiment, renforce l’allure. Paupière closes, mes sens restants s’éveillent, alertes.
Je sais l’odeur du bois mouillé par le sang fraîchement versé, je connais le grincement que produit ce bout de métal lorsqu’il effleure la proue du navire, j’entends l’écho de mon rire à la vue du visage de…
« Crochet. »

Mon sourire s’élargit au fur et à mesure que se devinent les contours de son épave. J’y suis, y reste.
Ses ivrognes d’hommes de mains squattent le quai accoudés à des barils de bière tandis que d’autres cuvent leur restant de rhum sur le pont. Je me glisse sans mal sur le navire et mes pas me guident naturellement à l’endroit précis où je suis supposé me trouver. Sa cabine.
Je choisis l’extérieur, pour commencer.
Je me cale contre un carreau sale et terne, y devine sa silhouette de l’autre côté.

- Tic… tac… tic… tac…

Ma voix s’élève, sonore, en parfaite imitation du timbre de sa voix, à lui.
Il se retourne, vif, dans ma direction. Je cours de plus belle tout autour de sa cabine en laissant exploser un rire franc et puéril.

Que la partie commence !

Nombre de messages : 16 Date d'inscription : 26/11/2008

- Tic… tac… tic… tac…

- Quand apprendras-tu à rester sur ton territoire? Ne serait-il pas un peu temps que tu grandisses et deviennes raisonnable? Lançai-je, sachant pertinemment qu'il m'entendait, malgré sa course et ses rires.

Plus rouillé que je ne le pensais, Crochet ne daigne même pas soulever sa vieille carcasse.
Mon rire ne faiblit pas, il est un délice qui viendra lécher les récentes cicatrices de ce navire.
Sa voix s'élève, il grogne. J'ai sur lui l'effet désiré, le croulant peut être tellement prévisible parfois...

Doucement, mais le moins discrètement possible, je m'approche d'un carreau sale derrière lequel je le devine.
Il parle de choses sur lesquelles il n'a pas la moindre emprise, contrairement à moi.
Devinant sa silhouette proche de la mienne, je troque le cri contre un murmure, récupère ma voix.

- Grandir ?

Le mot se perd, je m'écarte et flirte avec le bois du bâtiment, me rend sur le pont.
Il ne me voit plus, l'un des protagonistes de cette guerre commet des erreurs fatales.
Il cause alors la perte d'un de ses hommes, je ne saurais encore dire lequel.
Je me défais de ma lévitation, laisse mes pieds toucher le navire, indécis.
Je veux seulement qu'il entende, il constatera plus tard. Regrette.

Le guerrier que je deviens dans l'instant assène un puissant coup dans l'abdomen d'un homme endormit.
Le pirate étouffe un gémissement avant de se torde de douleur... Oups, celui-ci avait été blessé... Par moi.
Mon empreinte est omni-présente sur ce navire. Le moindre de ses stigmates porte mon nom.

- Jamais ! j'hurle alors d'une voix profonde.

Je me penche vers le pirate dont les plaintes et insultes ne faiblissent pas en nombre.
Je m'empare alors de la dague que j'affectionne particulièrement avant d'agrandir sa brulure.
Remuer le couteau dans la plaie. Comme ceci est approprié !
Ainsi mourut l'un des pirates. Je ne serais pas venu pour rien.

Où se cache le terreux ? Devrais-je saigner un perroquet pour qu'il se déplace ?

Nombre de messages : 16 Date d'inscription : 26/11/2008

Le grand Pan ne prit plus la peine de se montrer, mais commença à faire un boucan pas possible. Et bien, petit garçon, on s'amuse à tuer les pauvres hommes sans défense? Et dire que tu te crois supérieur à nous. Il était peut-être le plus innocent des pirates, quand savais-tu?

Je souris. Je pleureurais sûrement la mort de cet ivrogne incapable plus tard, quand j'aurais besoin de lui. Quoi que rien ne me disait que je ne prévoyais pas de le tuer moi-même. Je ne savais pas de qui il s'agissait, mais ceux en qui j'avais confiance n'étaient pas ici, ce soir. Enfin, si je pouvais accorder ma confiance à quelqu'un, s'entend.

- Et bien Pan, je vois qu'on est toujours aussi lâche! Il me semblait pourtant que c'était moi que tu voulais. Me laisse-tu en vie juste parce que je suis le seul à être réveillé? Déclarai-je.

- Et bien, je t'attends, Peter...

Je souris. Allez viens, petit gamin prétentieux.
- Andrew...

Le passé, mon cher, tu sais cette chose que tu es persuadé de pouvoir fuir?

- Nichols.

Tu vois, tu n'es rien d'autres qu'un petit garçon sans famille qui embête les grandes personnes qui travaillent. Tu n'es pas Dieu, Pan, quand bien même je serais le Diable.

Je dispense la vie comme le ferait un père en peuplant cette terre.
Je sème la mort dans un requiem éternel par mesure du jeu.
Je suis le dieu de ce monde qui est le mien depuis que j'ai foulé son sol.

Mais le divin se voit toujours opposé à son double maléfique, ainsi va le jeu.
Et j'aime sincèrement ces règles-là. Même lorsqu'elles penchent en ma défaveur.
Ainsi, et en accord avec les pions, je danse sur le pont du diable-pantin.

Peter Andrew Nichols...

Mon passé et moi, quelle charmante histoire, si seulement je pouvais la narrer.
Je raconte mon évasion à qui veut l'entendre, pimente le tout de souvenirs inventés.
Je suis le centre d'un monde que je sais le mien. Je suis le seul maitre à bord.
Que naviguent les matelots, je sais les faire tomber à l'eau. Adultes misérables.
Dénués de fougue ou même de ruses. Ils deviennent des proies bien trop faciles.

Heureusement que Crochet et sa griffe sont là. Qu'est-ce qu'une cour sans déchets ?
Je pense que l'ennui viendrait s'il n'était pas des nôtres. Bien que le remplacer doit être chose aisée.
J'oublierai certainement le croulant en quelques semaines.
Me demandant d'où provient ce crochet suspendu à ma porte...

Et, tandis que je déambule sur le pont du Jolly, son capitaine se cache.
L'ennui guette Crochet, je suis tout disposé à égorger tes hommes pour patienter.
Mais les tirer de leur sommeil ne relève pas d'un défi en soi,
et les Garçons me blâmeraient de ne rien leur avoir laissé à finir.

Je viens tirer dans les flancs du paresseux capitaine, et le voici tout à ses marmonnements.
Jamais je n'aurais cru qu'il ne devienne sénile aussi vite. Sa dégradation est précoce.

Sors de ta tanière, sous peine de voir le vieux bois de ta porte enfoncé.
Mais aller à lui serait lui accorder une importance qu'il devine avoir ici.
Son poste est bien gardé pour l'instant, mais la chute guette.

Vois l'horizon, ô dieu des océans, explore sa noirceur.
Je te remplacerai sans peine. Mais entame le jeu.

Sors, vieux capitaine, expose-toi à nouveau.
Nul bruit ne filtre, il se serait endormit...

- Ça y est ? Déjà partit ?

Ce n'est pas juste.
Je serai sa mort.

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» [ Quand le Pirate va à la pêche... Il se trouve face à la froideur des océans. ] ( ft Crochet )