Deux ennemies réunies(Pv Holly) Closed

restons diplomate, ce n'est pas grave, tout va bien se passer. Si on ne parle pas, on ne risque pas de se prendre la tête... Je faisais de mon mieux pour faire comme si de rien n'était. Le moindre de mes faits et gestes pouvaient être mal interprété et plus vite cette course forcée pour Vita finissait, plus vite je pourrais retrouver Scarlett et penser à autre chose.
Seulement voila, à croire que le destin s'acharnait, son talon se cassa. Je supposai que c'était nerveux, mais je en pus m'empêcher de rire. D'abord doucement...

-Sans commentaire Oké!Arrete de te foutre de moi...

... Puis plus fort en la voyant enlever ses chaussures et marcher pieds-nus comme les clochard. Je trouvais d'ailleurs cette similitude assez éloquente.


-Holly ta gueule c'est bon la!

J'essayais de me calmer en voyant que ça allait prendre des proportions énormes.

- Désolée... Tentai-je de dire entre deux hoquets... C'est pas contre toi...

Vraiment? On appelle ça de la mauvaise foi ou de la diplomatie?

Le bouquet du pompon final! Comment je pouvais m'empêcher de rire après la remarque de ce mec?
Je luttais quand même tant bien que mal. Mais la tête du gars lorsqu'elle répondit était trop hilarante. Cette fois, ce n'était vraiment pas contre elle. Sauf qu'elle ne le prit pas comme ça.
Puisqu'elle avait décidé de m'envoyer chier, elle allait le regretter. Je faisais tout pour calmer le jeu. Elle voulait un clash, elle l'aurait.

- Dis, miss clocharde, t'as décidé de passer tes humeurs sur moi, tu vas te faire. Moi ta mauvaise humeur, j'en ai rien à carrer, alors tu calmes tes ardeurs. T'es encore pire que grincheux quand il a ses règles!

Et rien à foutre que Grincheux soit un mec et qu'il ait pas de règles!!

là, toute cette malchance, ça commençait à faire beaucoup. J'hésitai. Elle était devenue très pâle, et malgré toute l'aversion que je ressentais pour elle, je ne pouvais m'empêcher de ressentir de la pitié. Je la regardais enlever le bout de verre qu'elle avait récolté avec un mélange de satisfaction perverse, de dégoût et de honte pour ses deux premiers sentiments. Heureusement qu'elle ne s'occupait pas de moi à cette instant précis et qu'elle ne le voyait pas. Mais qu'est ce que je racontais? Depuis quand je ne voulais pas qu'elle sache que je ne l'aimais pas? Malheureusement pour moi, j'avais toujours l'impression que je devais être celle qui aidait les plus malheureux que moi. Le bon samaritain de Nerverland.
Lorsqu'elle eut fini d'enlever le bout de verre, elle était de plus en plus pâle, j'en étais presque inquiète. Il commençait à y avoir de plus en plus de sang, ce qui n'était pas étonnant vu la grosseur du morceau de verre. Je pris un mouchoir en tissus propre dans mon sac et m'approchai d'elle sans même chercher à savoir ce que je faisais. Je n'avais qu'à faire abstraction de son identité.
Je bandai son pied avec mon mouchoir sans la regarder dans les yeux. Elle avait du être très surprise car elle se laissa faire.

- Il y un magasin de chaussures pas loin. Dis-je d'un air indifférent en reprenant ma route comme si de rien n'était.

En réalité je n'étais pas du indifférente et je ne pus m'empêcher de penser que ma pire ennemie allait avoir dette envers moi.

Je ne relevais pas sa dernière remarque, même si je trouvais qu'elle avait plutôt tort. Bien sûr que si que j'étais obligée de l'aider. Je la détestais, mais elle restait une sirène, qui plus est importante dans la hiérarchie. Et puis j'étais en très bon termes avec ma conscience, je ne voyais pas pourquoi cela devait changer. Il y a des gens qui souhaitent la souffrance de leur pire ennemi. Et j'avais beau me dire que j'étais une dure à cuir, je faisais partie de ces gens là.
Et puis, il y avait bien trop de sang pour que je reste en retrait, je devais stopper l'hémorragie, ou le sol se serait retrouvé non seulement couvert de rouge, mais aussi d'une autre couleur nettement plus odorante.

- On ferait mieux de rentrer en taxi. Vita va nous attendre et je ne serais pas fâchée d'arriver au vieux théâtre avant noël.

Déclaration sous-entendant que je n'étais pas assez inhumaine pour la laisser se tordre la cheville à force de boiter en dissimulant cette partie du message pour laisser penser que je la trouvais trop lente.
Je me mis sur le bord de la route pour en héler un tandis qu'elle me répondis. Mais apparemment, ce ne devait pas être leur coin favori pour passer. J'aurais du m'en douter. Je ne perdais pas espoir, cela dit. Je me reconnaissais bien, là.

Elle ne me répondit pas et monta dans le seul taxi qui daigna alors s'arrêter. Je donnais l'adresse au chauffeur et nous commençâmes à avancer. Je ne prêtai aucune attention aux yeux qui revenaient sans cesse sur nous à travers le rétroviseur et mon concentrai sur le paysage déprimant qui se dépeignait derrière les vitres.
Mais je me laissai vite des sempiternels immeubles que je connaissais par coeur, et une envie subite de parler me prit. J'avais deux choix : le chauffeur pervers qui nous déshabillait du regard sans être dérangé le moins du monde par mon âge - le fait que j'étais mineure se voyait sur mon visage, quand même - ou Chelsea, qui faisait mine de ne pas avoir mal et qui tournait ostensiblement la tête de sorte à ne pas me voir.

- Ca va ton pied? lui demandai-je lorsque mon choix fut arrêté.

-Heu' pas vraiment mais bon...

Elle hésita avant de reprendre :

-Pourquoi Holly?

Je soupirai devant son air soupçonneux. Il était naturel qu'elle se pose la question. Ce n'était pas un secret, je ne l'aimais pas. Elle représentait tout ce que je ne voulais pas être, tout ce que je détestais.
Mais une part de moi ne pouvait s'empêcher de ressentir de la compassion pour elle. Citez moi un être pour lequel je ne ressente pas de la compassion, d'ailleurs.
Je ne peux pas être méchante avec quelqu'un qui souffre, c'était au dessus de mes moyens. Surtout quand cette personne était seule.

- Pour savoir. Je ne voudrais pas que Dieu juge que je fais de la non-assistance à personne en danger. Avec la vie que je mène, je compte bien aller au paradis à ma mort, pour compenser. Répondis-je avec un sourire.