{Tous les anges ne tombent pas du ciel} - [Feat Wendy]

Une étoile m’aveugle. M’éblouie, illumine mon être d’un bout à l’autre…
Confortablement allongé sur un immense coussin, une jambe pendue dans le vide, un bras derrière ma nuque, j’observe la nuit s’éclaircir au rythme des pas rapides de Wendy.
Wendy…
Elle s’approche de moi, sors de l’obscurité et une vérité me saute au visage, évidente. Elle est la seule personne que je n’oublie pas. D’ordinaire, lorsque je rencontre une personne quelconque, j’oublie jusqu’à son existence dans les minutes qui suivent notre séparation. Mais elle… je connais son visage, j’en sais les traits par cœur. Je les dessinerais les yeux fermés. Je sais son odeur envoûtante et sa démarche gracieuse. Nulle autre n’aurait pu briser le sortilège qui m’enchante.
Je connais Wendy. Elle n’est pas personne. Elle reflète mon monde.
Et, tandis qu’elle avance d’avantage dans ma direction, je fais semblant de dormir.
Mais je ne sais pas la différence entre faire semblant et dormir, ainsi, je m’endors.
C’est étrange… même emporté par des songes lointains, j’ai cette impression de sentir sa peau contre la mienne… doux souvenir d’une rencontre imprévue.

- Wendy… je murmure dans mon sommeil.

_Peter…?

Un oiseau blanc chante mon nom. J’essaie de ne pas bouger pour ne pas m’éveiller, ne pas rompre le silence enchanteur qui suit mon prénom. La douce voix se tait… ne reparle pas. Frustré, je me réveille dans un sursaut. Tandis que je cherche un coupable à blâmer pour avoir briser le chant de l’oiseau, le visage de Wendy s’impose à moi, sublime dans toute sa perfection.
Je tends doucement une main vers elle et entreprends de caresser sa joue du revers de mon pouce. Elle est aussi douce que je me l’imaginais. Ne résistant pas à la tentation que représente ses lèvres, j’y fais courir le bout de mes doigts. Elle frissonne, je ne comprends pas.

- Je ne connais pas la fin de Cendrillon.

J’ai la soudaine impression d’avoir rompu un charme invisible, semblable à celui qui me reliait à mon sommeil léger. Ma Wendy me dévisage, prends cet air qui me perturbe.
Je choisi, moi, d’emprunter la voix à laquelle, je le sais, aucune femme ne résiste.
[Oui, c'est écrit dans le livre <3]

- Raconte-la moi, Wendy.

Le présent est le seul temps qui compte, je ne conjugue pas le reste.
Le reste n'existe tout simplement pas, je ne vois que ce qui est digne d'importance.
Ma Wendy l'est. Je me perds dans ses grands yeux bleus, en attente d'une réponse.

_ Que veux tu?

Tellement de choses que tu n'es pas en mesure de m'offrir ma Wendy...
Je veux suspendre la griffe de Crochet au dessus de mon lit, je veux que le temps stoppe sa course comme il le devrait, je veux que mes sentiments m'appartiennent enfin, je veux...
Peu importe l'immensité de la liste sur laquelle je couche mes souhaits, elle représente si peu.
Le présent, rien d'autre.

- Toi, je chante alors comme la plus cinglante des vérités.

Ma voix ne tremble pas, ne faiblit pas en intensité. Ce mot est le mien. Il est pensé.
Je la veux, puisque je crois cette envie réciproque. Appartiens-moi.
Mes yeux la dévore sans pudeur, le contact de sa peau contre la mienne me brule.
Rien n'importe. Tout importe. Mes sens sont régalés et mes idées perdues.
Je ne crois plus en rien. J'ai foi en tout.

- Je crois en toi.

Je complète mes pensées sans vraiment m'en apercevoir.
Mon murmure se perd sur ses lèvres... que mon instinct me supplie de dévorer.
Désorienté, je n'ai pour boussole que son visage, ses mains sont mes guides.
Je me laisse sombrer dans les méandres inconnus de ses sentiments nouveaux.

Fébrile, je guette sa réaction.
Je suis à elle.

La bouche de Wendy. Je la mords gentiment, la découvre par bien des manières, en apprend également plus sur moi.
Elle est plus douce encore que je ne l'aurais rêvé, son goût m'envoute et m'électrise, je ne réponds plus de rien.
Les mains de Wendy. Elle court sur moi, mon cœur suit leur trajet, les encourage à aller plus loin, plus fort.
J'aimerais qu'elle joue avec moi comme j'en ai envie, qu'elle me griffe pour assouvir cette rage passionnée.
Le corps de Wendy. Seul territoire qui m'est inconnu, je veux en connaitre la moindre parcelle, sentir sa peau.
Il m'attire irrésistiblement, jamais il ne sera suffisamment près du mien. J'ai faim d'elle, cette envie me tue.
La voix de Wendy...

- Peter?

Je ne réalise qu'elle me repousse que lorsque ses mains abandonnent mon visage.
L'incrédulité empreinte sur ses traits me heurte en pleine poitrine. Percutante...
A nouveau, le mystère qui l'entoure s'épaissit, moi qui pensais l'avoir infiltrer.
Je tais mes maux, je ne suis plus que l'allégorie de ces sentiments nouveaux.
Sentiments qui me consument tout entier, m'embrasent pour m'anéantir.
Irrésistibles et vifs, ils progressent sinueusement le long de mon être.
Ils gagneront chaque parcelle de moi, s'imprègnent de son essence.
Je m'engage dans une lutte que je devine perdue d'avance.
Pauvre moi, condamné à ne vivre que par elle. Pour elle.
Je ne saurais dire si ces intentions dureront.
Mais elles sont, pour l'instant je les vie.
A présent, et pour aujourd'hui,
J'aime ma Wendy.

- Wendy... je répète alors d'une voix enrouée de désir.

Je ne me serai jamais cru capable de telles envies. Anodines, elles m'apaisent.
La reine de mon cœur siège sur son trône de fortune, à l'abri du danger.
Je la protégerai, elle qui détient ce qui fait de moi ce Pan, elle me tient.
Egoïste, je ne prends pas la peine d'analyser ses réticences. Jamais.
Je ne cherche pas, n'essaie plus. Mes envies nouvelles dominent.
Mon visage prend alors un recul inattendu tandis que je l'observe .
Et si ses envies étaient aussi importantes que les miennes, voire plus ?
Qu'arrive-t-il à Pan... lui seul maitre à bord, capitaine de son âme, à jamais.
Je ne comprends plus, ne comprendrai jamais. Mais sa couleur me guidera ce soir.

Je la dévore des yeux, incapable d'assimiler ses envies en plus des miennes.
Le cœur de Wendy, les sentiments de Wendy, la vie de Wendy...
Tant de valeurs qui prennent alors tout leur sens. Je serai celui qui la veut sienne.

- Wendy ? l'inquiétude empreinte dans ma voix l'interpelle pour moi.

Est-elle seulement heureuse ? Regrette-t-elle son foyer ?
Tant d'énigmes qui viennent entourer la première...
L'angoisse s'empare de moi, je me sens tomber.
Cette chute sera lente.